L’île Seguin,
Quand l’histoire devient légende à plus d’un titre,
Elle porte toujours des mythes enjôleurs.
Cette île qui connut, ses bonheurs, ses douleurs,
Inspira le penseur, penché sur son pupitre.
Pareille à un navire amarré sur la rive,
Des milliers de marins se sont tous efforcés
De maintenir bien hauts les pavillons hissés
Aux couleurs du « losange », afin que l’île vive.
Et tous ces matelots et tous ces capitaines
Sont entrés dans l’histoire en conquérant leur temps,
Unissant leurs efforts, ils ont bravé les vents
Et connu des bonheurs avec aussi des peines.
Sur tous ses nombreux ponts, ils avaient fière allure,
D’abord venus chercher, salaire qui nourrit,
Beaucoup y ont trouvé, un milieu qui offrit
Un refuge d’amis, un emploi qui rassure.
Grande fille héritière, enfant du Taylorisme,
L’île aussi connaîtra son évolution
Et sociale et technique avec ambition.
Elle aura inventé aussi le modernisme.
L’ancien se souviendra de son île mythique,
De son embrasement dès que l’aube naissait
Jusqu’au soir tard tombant où elle illuminait,
Ses sites qui jouaient leur refrain métallique.
Ses presses se dressaient comme des cathédrales,
Faisant crisser la tôle happée par leur étau,
Faisant vibrer les sols au rythme d’un tempo,
Et jouaient sourdement des notes inégales.
En offrant pour bouquets cent gerbes d’étincelles,
Ses soudeuses pinçaient des fers à marier,
Préparant le métal pour le colorier ;
Ces quatorze juillet étaient des ritournelles.
Puis tous ses convoyeurs aux airs de grands manèges,
Où chaque balancelle aux cordages d’acier
Tanguait et faisait croire à des poupées d’osier,
Pareils à des « grands huit », formaient des longs cortèges.
Et d’autres coins encore avaient bien belle allure,
La ruche bouillonnait, fiers étaient ses héros,
Plus loin la chaîne enfin, enfantait ses autos.
Un certain vingt-sept mars, prit fin une aventure.
Pour ne point oublier, pour garder la mémoire,
Il faut figer le lieu en plus de ces écrits
Qui témoignent déjà ; puissent de bons esprits
S’atteler à la tâche en veillant à l’histoire.
René Ed. Sidorkiewicz
Santec, nov. 2005