Le p’tit métallo,
Il n’avait pas quinze ans, il partait déjà tôt,
Dans la nuit des matins, le froid glaçait ses os,
De ses pas si pressés pour vaincre la froidure
Les clous de ses souliers cadençaient son allure.
Le métro était loin, pas question de flâner,
Qu’il ventât ou qu’il plût, il ne fallait traîner
Car les grands l’attendaient, il allait à l’usine,
Mieux valait être à l’heure et faire bonne mine.
A quoi pensait-il donc, l’enfant toujours rêveur ?
On lui chipa bien tôt ses crayons de couleur,
Ses cahiers, sa récré, les copains de son âge,
Comme pour le punir, l’enfant pourtant bien sage.
Pareil à un pantin qu’on aurait remonté,
Il devait oublier ses jeux et sa gaieté,
Côtoyant maintenant l’enfer impitoyable,
Des ateliers bruyants, lui bien trop vulnérable.
On ne jugera pas ceux qui firent ce choix,
L’école coûtait cher, ils étaient aux abois,
Et le métier avait ses lettres de noblesse,
Même si quelque part, on volait sa jeunesse,
Et puis il rassurait, il apportait les sous,
Il évitait aussi d’être exposé aux loups
A l’affût des gamins qui fréquentent la rue
Riche d’illusions et de déconvenues.
L’enfant sut devenir ce que père voulut,
Ses mains s’aguerriront dans son nouveau statut,
Il forgera le fer, il coulera la fonte,
Il aura un métier, l’enfant n’aura plus honte.
René Ed. Sidorkiewicz
Malakoff, mai 1998
Passez votre souris sur la photo pour l'agrandir.